"Courances"
éd. Flammarion
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Bref historique
Un jardin de la Renaissance

Du XVIIIe à nos jours
Les propriétaires
L'histoire récente

 

Un jardin de la Renaissance
- Par Françoise Boudon Historienne d'art, chercheur associé au centre André Chastel (CNRS-Université Paris IV)

Il subsiste assez de traces du parc de Courances tel qu'il fut entre 1550 et 1660 pour rétablir son histoire plus ancienne qu'on ne le pensait jusqu'ici. En 1552, Cosme Clausse avait acheté un manoir presque sans jardin, installé sur deux plate-formes entourées de fossés en eau toujours en place aujourd'hui. Lui et son fils Pierre firent l'acquisition des terrains nécessaires pour créer un parc mais aussi pour s'assurer la maîtrise de la rivière de l'Ecole et de quelques-unes des quatorze sources qui font la richesse du lieu.

Le jardin d'eau qu'on retrouve dans tous les territoires saturés d'eau, en Vénétie au XVIème ou dans les Pays-Bas au XVIIème a été mis en oeuvre par François Ier dans les années 1540 à Fontainebleau. Les Clausse ne pouvaient pas l'ignorer. Des canaux encadrèrent le pré Bernay (conservés jusqu'au début du XIXème) selon le motif du « pré en l'île », bordèrent l'Allée d'Honneur – ce sont aujourd'hui la pièce d'eau des Platanes simples et celle des Platanes doubles – et prolongèrent vers le village les fossés du château. Ce programme pouvait donner aux jardins un caractère moderne mais en aucun cas remarquable. Pour cela, il fallait inventer. Les Clausse enrichirent leur parc d'un élément discret si l'on en juge par ce qu'il en reste : le Dôme, restauré en 2005, et de deux autres spectaculaires : le Grand Canal et la Salle d'eau.

Le Grand Canal fut pour les Clausse, et pour eux seuls avant même le roi – le Grand Canal de Fontainebleau date de 1604 –, un must depuis qu'en 1550, Cosme Clausse avait fait creuser celui de Fleury-en-Bière sur 800 m. Cosme avait goûté là l'interêt esthétique de cet équipement exceptionnel, le premier du genre à traverser un jardin français, mais il avait aussi éprouvé le poids financier et les difficultés techniques d'une telle entreprise. Ces raisons le poussèrent à limiter à 600 m le Grand Canal de Courances, alimenté par une dérivation de l'Ecole ; le contraste entre eau sauvage et eau domestiquée coulant en parallèle était un effet recherché. Les Clausse imaginèrent aussi la Salle d'eau encadrée par quatorze « gueulards » de grès disposés en vis-à-vis qui crachaient l'eau. Ce bassin, dont on ne connaît pas d'équivalent ailleurs, apportait aux occupants du château un plaisir visuel et auditif en même temps qu'il enrichissait la promenade depuis la rivière jusqu'au village.

Ces options formelles spectaculaires contrastaient avec la médiocrité de la demeure. Claude I Gallard fit rebâtir le château en 1627. Cette modernisation l'incita ensuite, par contrecoup, à repenser le dessin et la surface du parc. Son fils Claude II, très fortuné, poursuivit les achats de terres et l'embellissement des jardins. C'est sans doute lui qui, dans les années 1640, fit percer, à l'emplacement actuel de la pelouse des Trois Grâces, une grande allée menant du château à la pièce d'eau du Rond de Moigny au bout du parc. Courances était à la pointe de la mode : à Coulommiers, à Pont-sur-Yonne, à Liancourt, on traçait de telles allées doublées de canaux en face du château. Ces jardins d'eau ont disparu et aujourd'hui, Courances est sans conteste le plus bel exemple en France de ce style.



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